Encore un mois de passé, avec tous ses rebondissements ! Comme de coûtume, les photos sont à la fin.

Le dernier jour passé chez Papî, j’ai eu le plaisir inattendu de discuter de physique quantique avec son fils.

Parti d’Orikum, je suis passé en 15 kilomètres de la plage à un bivouac dans une pinède au milieu des montagnes ! Imaginez vous téléporter de la côte d’azur aux hautes alpes, c’est à peu près le même effet.

Fatigué par le froid et la pluie incessante, j’ai fini par céder à la tentation de tendre le pouce. Si j’espérais alors m’échapper de cet endroit inhospitalier, je n’avais pas prévu de me faire déposer 80 kilomètres plus loin, à Sarandër.

N’achetez jamais de miel à bas prix en Albanie. En l’ouvrant, vous découvrirez qu’il s’agit en fait de sirop de glucose aromatisé au miel, ce qui est absolument immonde. Moi, j’ai jeté le pot entier. Ne m’avouant pas vaincu, j’ai racheté un pot à un prix plus honnête, après m’être assuré qu’il soit « 100% miel de fleur ». Mêmes goûts et consistance que le précédent. En fait, n’achetez tous simplement pas de miel en Albanie.

Marchant sous la pluie pour sortir de la ville, j’ai été hélé par la patrone d’un café-restaurant. Elle et son mari m’ont hébergé pour la nuit dans un petit local extérieur réservé aux employés pendant la saison touristique.

J’ai profité de pouvoir laisser toutes mes affaires au café pour aller faire réparer la bretelle décousue de mon sac chez un cordonnier. Pas de doute, c’est plus solide que tout ce que j’aurais pu faire !

J’ai passé deux nuits sur une plage isolée, dans le parc naturel de Butrintit. L’occasion d’avancer un peu sur mon roman, de me baigner, et d’apprivoiser les deux chiens qui vivaient là.

A Butrintit, vous avez le choix entre payer 6 euros pour visiter quelques ruines romaines,  ou ne pas vous arrêter et prendre directement le bac pour traverser la rivière. Ce bac est payant pour les touristes. Mais si vous êtes à pieds et qu’on vous demande 2 euros après 30 mètres de traversée sur une espèce de tas de planches qui flotte, vous avez le droit de faire celui qui n’a pas compris.

J’ai innové : purée de pommes de terre aux graines de tournesol et dés de courgette crue. C’est meilleur et plus sain que les cacahuètes.

J’ai finalement passé la frontière grecque le 19 novembre, sous un soleil de plomb. Remotivé par cette nouvelle étape, j’ai profité de m’être arrêté à côté d’un stade pour aller prendre une douche de nuit aux robinets des vestiaires, où une bouteille de shampooing oubliée là a avantageusement remplacé mon savon de marseille. Glacé, mais revigorant !

En grèce, il y a des réseaux wifi libres à peu près partout. C’est un peu traitre, on a envie de se connecter tout le temps. Mais ça m’a au moins permis de discuter par skype avec la famille !

J’ai marché pendant quatre jours et demi de Igoumenitsa à Ioannina, dans le brouillard et le froid. J’ai finalement été capturé par Kostas. Lui et sa femme m’ont séquestré pendant trois jours dans leur maison à Zitsa, au-dessus de leur boulangerie. Discussions animées, rencontre de Josh et Sylvana, soirée Thanksgiving polyglotte… tout est raconté ici !

D’après Sylvana, Jésus s’inscrirait dans la continuité du dieu antique Dionysos, dans cette idée d’un dieu étranger qui débarque comme ça avec des idées nouvelles.

J’ai acheté un livre pour apprendre le grec. C’est un réel plaisir de retrouver une activité qui fait fonctionner la mémoire, je réalise à quel point ça me manquait. Je progresse vite ; il faut dire que j’ai le temps, tout en marchant, de me répéter vocabulaire et déclinaisons !

En faisant du stop vers Kalampaka, j’ai eu la surprise d’être rejoint par Mendès, un jeune voyageur français habitant à 16 kilomètres de chez moi ! Nous avons visité le merveilleux site de Meteora ensemble.

Profitant d’avoir un compagnon de route pour surveiller mes bêtises, je me suis aventuré en rampant dans un boyau étroit au fond de la « grotte du dragon ». J’y ai à la fois découvert et affronté ma peur des gros-criquets-des-cavernes-dégoûtans-et-avec-un-gros-dard.

A deux dans la tente, c’est un peu plus le bazar. C’est au milieu de ce capharnaüm que la bouteille d’huile s’est ouverte. Et vidée.

Mendès et moi avons découvert que le site Couchsurfing.com était devenu payant ! Il bloquait automatiquement toutes les adresses mails et numéros de téléphones que nous envoyions à notre contact. Mais Kalampaka est une petite ville de tout juste 8500 habitants ! Affichant son nom et sa photo de profil sur un téléphone, nous sommes partis interroger les gens dans la rue. Six personnes ont suffi à le retrouver !

En visitant le monastère de « Great Meteora », je me suis demandé combien de personnes étaient tombées du haut des falaises en bâtissant ces édifices. Un grand nombre, sûrement… Mais il n’y a pas à dire, l’absurdité de l’être humain a un charme certain.

C’est plus ou moins en discutant de ça que nous avons abordé, Mendès et moi, des sujets plus larges : le monde, la vie, tout ça. Dans les discussions philosophiques, on ne va jamais aussi loin que dans sa propre langue. Et ça m’avait manqué !

J’ai visité le musée d’histoire naturelle et du champignon de Kalampaka. S’il est bien plus petit, il n’a rien à envier question esthétique à celui de Paris. Et puis les champignons, c’est vraiment un atout incontestable !

J’ai fait des progrès avec les chiens. Ils continuent de m’aboyer dessus (j’ai sûrement un ancêtre chat quelque part), mais maintenant je m’en fiche royalement !

A Trikala (ville charmante, soit dit en passant), j’ai traversé une manifestation de fermiers mécontents, à l’occasion de la journée nationale d’action contre la dette.  Avec tous ces tracteurs, il y avait une certaine ambiance de Notre Dame des Landes… ça a d’ailleurs bien pété à Athènes.

S’arrêter le soir près d’un cimetière… c’est très bien pour rencontrer des gens. Une vieille dame rencontrée là m’a conduit jusqu’à une école fermée, où j’ai pu m’installer pour la nuit sous le perron de la porte d’entrée. Elle m’a offert du pain et des olives, en m’assurant qu’il n’y avait pas de problème pour que je dorme ici. Le lendemain matin, j’ai fait la rencontre de trois enseignants surpris.

Morisbis a eu sa première crevaison. Et certainement sa dernière : je compte l’abandonner pour continuer à vélo après Athènes. Le jour de son départ deviendra un jour férié, et je suis encore en train de discuter avec lui des modalités de son démantèlement. Il voudrait une pyramide et un sarcophage, mais c’est un peu compliqué.

C’est vers la capitale que je me dirige à présent, pour y retrouver mes parents, mon frère et ma soeur, qui débarquent pour passer la semaine de Noël avec moi.

A bientôt !