Encore un mois de passé. Le temps passe vite et lentement à la fois. Cela dépend du sens dans lequel on le regarde ! D’ailleurs, si vous n’avez pas le temps de tout lire, les photos sont à la toute fin !

J’ai cuisiné deux fois des crêpes. La première fois dans une auberge de jeunesse à Sarajevo, la seconde chez Papî, dont je vous parlerai plus loin. Les crêpes, c’est la vie.

J’ai discuté avec une petite fille alors que nous nous réchauffions les mains devant une flamme éternelle pour la paix à Sarajevo. L’esprit toujours pratique, les Bosniens l’utilisent pour faire griller des marrons.

Je me suis procuré un bonnet et des gants. Winter is coming.

J’ai été trimballé dans une vieille Renault pour me faire offrir un café tout en haut de Sarajevo, par un vieux Bosnien incompréhensible mais absolument génial. L’histoire complète ici.

En parlant de café, à force de m’en faire offrir par tous les gens que je croise, je commence à aimer ça ! Mais toujours avec beaucoup de sucre.

L’un des hommes m’ayant offert un café était un caméraman bossant pour un documentaire sur la crise étudiante dans les Balkans. Sans perspectives d’emploi après leurs études, les jeunes s’enfuient vers les autres pays européens. C’est bien sûr un vrai problème pour l’économie des pays comme la Bosnie. Le même homme est un fan des footballeurs français ; Zizou est son idole.

Le « stop spontané », c’est quand quelqu’un s’arrête alors que tu n’as rien demandé. Ça conduit souvent à de belles rencontres ! Le permier stop spontané que j’ai pris, vers Trnovo en Bosnie, c’était par un jeune voyageur allemand. Nous étions tellement à fond dans notre conversation que nous avons loupé une bifurcation importante, nous obligeant à faire 20km dans l’autre sens pour retrouver notre route.

Au Monténégro, tous les jeunes que j’ai rencontrés on insisté pour m’ajouter directement sur facebook avec leur portable. Je me suis fait plein de nouveaux amis !

J’ai planté ma tente à côté d’un parking qui a semblé, pendant tout la nuit, être le lieu d’un important trafic de troncs d’arbres. Sachant que les traficants de troncs d’arbres sont vraiment les plus dangereux, je ne me sentais pas rassuré du tout…

Les coutures que j’avais faites pour réparer mes chaussures n’ont pas tenu aussi longtemps que je le pensais. J’ai traversé la quasi totalité du Monténégro avec les pieds à l’air.

Lire un livre, c’est très bien quand il pleut le matin. Se laisser avaler par l’histoire jusqu’à sa fin, pour se réveiller à 17h bien après que la pluie ait cessé… c’est un peu plus problématique.

J’ai trouvé une jolie plaque d’immatriculation abandonnée pour orner Morisbis. Elle m’a été reprise deux heures plus tard au beau milieu d’un tunnel, par deux policiers taciturnes.

Si vous ne voulez pas que le type bourré qui vous a invité à boire de l’alcool ne vous resserve, SURTOUT ne finissez pas votre verre !

L’homme en question a quand même le mérite de m’avoir présenté deux jeunes Monténégrois très sympas, avec qui j’ai pu parler en anglais, jouer de la musique, comparer les différences entre la France et le Monténégro, manger du fromage et des poivrons, et découvrir un merveilleux fruit sauvage que j’ai surnommé Grosenade, qui pousse abondament dans tous les Balkans.

J’ai finalement trouvé des chaussures à Podgorica.

Dans la capitale du Monténégro, j’ai chanté « Aux champs Elysées » avec une saxophoniste ukrainienne et un guitariste kazakh. Normal.

Requinqué par mes nouvelles chaussures, j’ai fait 40 kilomètres pour passer la frontière Albanaise. Bien mal m’en a pris. C’est les pieds bien douloureux que j’ai entamé la journée du lendemain.

Je me suis fait agresser par des chiens presque tous les jours pendant ma traversée du Nord de l’Albanie. J’ai appris à courir à reculons en tenant Morisbis devant moi pour me protéger. Toutefois, cette technique perd en efficacité lorsqu’un deuxième animal arrive pour vous prendre en revers…

J’ai parlé pour la première fois Français avec un voyageur belge en vacances à Shkodër. Ça fait un bien fou !

Parfois, simplement ignorer les chiens qui aboient peut s’avérer efficace. Mais pas toujours. Crier très fort peut les faire hésiter quelques secondes. J’ai aussi pris l’habitude de marcher avec un ou deux cailloux dans mes poches.

En Albanie, je me suis fait offrir assez de fruits sur la route pour ouvrir un magasin ! J’ai donc démarré un régime presque exclusivement frugivore à base de mandarines, marrons grillés, grosenades et kakis !

J’ai été pris en stop-spontanné sur la charrette du vieux Barri. Nous avons avancé au rythme du cheval pendant plus d’une heure, jusqu’à chez lui. J’y ai fait la rencontre de sa femme et de sa fille, qui m’a réconcilié avec Google Traduct. C’est vrai que ça peut s’avérer bien utile. Accueilli pour la nuit, j’ai pu découvrir la vie quotidienne d’une famille musulmane d’Albanie, dont la facette la plus amusante reste certainement l’incontournable bain de pieds du soir.

Le lendemain soir, abordé (ou plutôt envahi!) par toute une troupe d’adolescents TRES enthousiastes, j’ai fini un peu malgré moi par être conduit chez l’un d’eux pour passer la nuit. J’ai pu y découvrir, cette fois-ci, une famille chrétienne d’Albanie. Deux des filles parlaient un peu anglais, une joie de vivre extraordinaire régnait dans cette maison, et la barrière de la langue s’est transformée comme par magie en un jeu linguistique ponctué de mille rires.

Le seul point négatif de cette rencontre, c’est que j’ai mangé par politesse de la viande et un œuf au petit déjeuner. Mon estomac n’a pas apprécié.   Pas   du    tout.

Pour me trouver une excuse, je mets sur le compte de l’abrutissement causé par la maladie, la perte de toutes mes sardines, probablement tombées de la carriole où je les avais rangées à la va-vite. Depuis, je ne plante ma tente que dans des sols meubles, avec de gros piquets en bois.

J’ai décidé d’écrire un roman. L’idée de départ m’est venu en enlevant un fil d’araignée collé sur mon visage, alors que je marchais en direction de Kavajë.

En une grosse journée de marche, je suis passé de la montagne à un marais rempli de moustiques, puis à une plage immense. Les yeux tout remplis de ces paysages, je me suis installé pour la nuit dans une vieille caravane de glacier abandonnée au bord de la mer.

Laissant les affaires dans mon abri, j’ai passé toute une matinée à chercher les pélicans promis par les panneaux du parc naturel de Divjakë. Introuvables. M’en retournant, j’ai fait la très agréable expérience de couper par la lagune. Impression extraordinaire de se retrouver au beau milieu de la mer avec de l’eau seulement jusqu’aux cuisses.

Un jour, ayant épuisé mon stock de fruits, je me suis dit avec regret qu’il ne fallait pas que je m’habitue à recevoir tout le temps de la nourriture. Une minute plus tard, un homme en voiture s’arrêtait pour me tendre cinq mandarines. Les Albanais sont sûrement télépathes.

Le soir suivant, ma tente s’est faite prendre d’assaut par six hommes curieux. Je me suis retrouvé sans trop savoir comment dans une voiture en partance vers le bar le plus proche, où, au milieu de quinze grands gaillards, un coca et un croissant dans les mains, j’ai été sommé de raconter mon aventure.

J’ai fini le parmesan qui me suivait fidèlement depuis l’Italie.

Pour me consoler, je me suis fait une traditionnelle purrée de pommes de terre aux cacahuètes. C’est une recette de famille que je vous conseille tous d’essayer.

J’ai desserré d’un trou ma ceinture. On mange vraiment bien ici.

A Vlorë, tous les gens à qui j’ai parlé m’ont demandé si j’étais venu ici pour trouver de la drogue. La ville semble avoir une bonne réputation dans ce domaine…

J’ai admiré un magnifique coucher de soleil. Un parmi de nombreux autres ! Je sens monter en moi le Syndrôme du Petit Prince…

Je me suis perdu de nuit au milieu de la montagne, dans la péninsule de Karaburun. La tente plantée au milieu d’un pâturage, j’ai passé la nuit à me demander si les sardines en bois allaient résister aux rafales à 100km/h. Pour dormir, il est plus efficace de compter les moutons.

De retour à Orikum, j’ai été accueilli par le plus merveilleux, le plus généreux, le plus incroyable des hommes : Papî, ange gardien de tous les voyageurs, qui recueille les âmes en peine dans son restaurant au bord de la mer. J’y ai fait la rencontre de Yuri et Olga, deux voyageurs ukrainiens qu’il hébergeait depuis un mois. Ensemble, nous avons improvisé une petite fête, entre plat traditionnel ukrainien et… crêpes, bien sûr !

C’est de chez Papî que je vous écris. A son invitation, je m’y suis arrêté pour une semaine de repos.

J’ai mangé du poulpe. Un peu gluant, mais appétissant !

Chez Papî, il y a souvent des visiteurs. Avant-hier, c’était un ancien prof de sciences politiques ayant vécu 15 ans en France, en grand conflit idéologique avec l’archéologue français Pierre Cabanes, et défendant une thèse selon laquelle l’Albanais serait à l’origine de toutes les langues européennes. Sans que je prenne parti sur ce sujet, il m’a néanmoins convaincu qu’on nous passe sous silence une grande part de l’histoire de la péninsule balkanique à l’école. Comme si l’on était passé directement de la Grèce antique à la Grèce actuelle !

Et le mot de la fin : « Se poser de temps en temps lors d’un voyage, c’est très bénéfique. Surtout lorsque le pays dans lequel vous vous trouvez connaît une semaine d’ouragans et d’inondations au même moment. » Nathan Trosseille