Lampadaire : Commençons par le commencement. « Epomenos Stathmos » est un nom bien étrange ! D’où vient-il exactement ?
Epomenos Stathmos :Vous avez raison. Pour commencer, on va mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes. Je suis une bicyclette. UNE bicyclette. Alors me désigner par un nom masculin est totalement stupide, il serait plus logique de m’appeler Epomeni Stathi. D’ailleurs, pendant qu’on y est, il s’agit d’un nom grec. Alors écrivez-le en grec, s’il vous plaît. Vous aimeriez, vous, que je vous appelle « Marguerite » alors que vous êtes un lampadaire crétois ?
Lampadaire :Justement, je m’appelle Marguerite… Ne faites pas cette tête, vous ne pouviez pas savoir ! Et répondez plutôt à ma question.
Επομενη Σταθη : D’après ce que Nathan m’a dit, c’était au tout début, quelques jours après qu’il m’ait achetée. Il était dans le métro d’Athènes avec sa famille, et discutait avec sa soeur du nom qu’il allait me donner. Ils ont décidé qu’il fallait que ce soit un nom grec, et comme ils ne connaissaient pas beaucoup de noms grecs, Maïlys a lancé les mots qu’ils entendaient le plus dans le métro : Epomenos Stathmos, qui veut dire « Prochain arrêt ». Nathan m’a dit qu’il avait tout de suite accroché. Ça correspond bien à l’esprit du voyage, d’après lui…
Marguerite : Nathan est donc votre cycliste… Comment qualifieriez-vous vos relations, après un mois de voyage ensemble ?
Επομενη Σταθη : Une amitié de plus en plus grande ! Nous nous entendons vraiment bien. Bon, je ne vous cache pas que la première impression a été assez négative. Il a traversé Athènes sur ma selle sans rien dire, puis m’a tout simplement abandonnée pour deux semaines dans le débarras de l’appartement d’un de ses amis, en lançant au passage qu’il faudrait décidément me changer le guidon, et peut-être la selle. Je lui en ai d’abord voulu. Mais par chance, j’ai fait la rencontre de deux vélos de voyage et de Morisbis, son ancien compagnon de route, qui m’ont bien rassuré en partageant leurs expériences. Et de fait, six semaines plus tard, nous avons déjà vécu de belles choses ensemble !
Marguerite : Votre relation s’est donc améliorée ?
Επομενη Σταθη : Oui, immanquablement ! Vous savez, la relation entre un vélo et son cycliste a quelque chose de comparable à celle qui lie la crosse de hockey à son joueur, le trombone à coulisse à son musicien, le katana à son samourai ou encore la connerie à Donald Trump : à partir d’un certain niveau, il y a une véritable fusion qui se produit ; on fait véritablement corps avec son humain, il devient comme une prolongement de soi-même et on se met à agir comme une seule et même entité. Avec Nathan, nous n’en sommes pas encore là, mais nous nous en approchons. Bon, bien sûr, il y a encore des moments difficiles…
Marguerite :Justement, pouvez-vous nous parler de ces difficultés que vous avez rencontrées tous les deux ? Quelle a été la pire ?
Επομενη Σταθη : Ça dépend, pour lui ou pour moi ? [Rires] Pour moi, je dirais que c’était l’épisode de l’argile. C’était le premier jour de pédallage à deux, début janvier, après que nous ayons laissé les deux vélos et leurs filles à Kiato. Nathan a cru s’être trompé de route, et a voulu prendre un chemin de terre pour rejoindre la bonne. Sauf qu’il avait plu la veille, et que la terre était en réalité une argile bien humide et bien collante. Il est descendu pour me pousser, mais je m’enfonçais à cause du chargement, et tous les dix mètres, il était obligé de m’enlever à la main les gros paquets d’argile beige qui s’accumulaient entre le pneu et le garde-boue et bloquaient mes roues. Il a fini par me laisser pour aller voir un peu plus loin, réaliser qu’il était finalement bien sur la bonne route, accepter la défaite et rebrousser chemin, mais le mal était fait : j’en avais partout, c’était venu se loger autour de mes freins, j’avais des brins de paille boueuse enroulés autour de mes moyeux, dans mes dérailleurs, mon pédalier… Il a dû décrocher toutes les sacoches pour enlever le plus gros à la main, puis m’a forcée continuer en étant encore toute sale, en attendant que l’argile sèche et parte d’elle-même. Mais bon, je l’ai engueulé, et il n’a pas recommencé. Ça lui arrive encore de m’emmener dans des chemins de terre, ou de me laisser une nuit allongée dans le sable sous la pluie, mais ça n’est pas aussi insupportable. Et puis il prend de mieux en mieux soin de moi : il me décrasse de temps en temps avec une brosse à dents, resserre mes vis, et a même acheté récemment un petit flacon d’huile pour ma transmission !
Marguerite : Espérons qu’il continuera dans cette voie, alors. Et pour lui ?
Επομενη Σταθη :Pour lui, je dirais que c’était la montée vers Κοσμάς [Kosmas, Ndt.], dans le Péloponnèse. Après la pause déjeuner, nous avons attendu sous un pont que la pluie se calme avant de repartir, aux alentours de 16h. Mais après un ou deux kilomètres, elle était revenue de plus belle. Nathan a décidé de continuer, en enfilant son manteau et son protège-pantalon. Il se disait que dix sept kilomètres jusqu’au prochain village, ce serait vite fait. Mais c’était presque mille mètres de dénivelé, plusieurs millimètres de pluviométrie, plusieurs kilomètres-heure de vent et plusieurs degrés Celcius en moins qu’il avait oublié de prendre en compte dans son calcul. A dix-neuf heures, son entêtement à continuer coûte que coûte était d’une bêtise admirable. La nuit était tombée, des plaques de verglas apparaissaient sur la route et ses pauses se faisaient de plus en plus fréquentes, il était complètement trempé, congelé, fatigué, déshydraté… mais il refusait de s’arrêter pour planter la tente, et continuait, avec l’espoir de trouver un hébergement en dur une fois sur place. Je crois que ce jour là, il m’a un peu jalousée. Il aurait bien aimé être un objet lui aussi, pour ne pas ressentir le froid, la douleur – quoi que j’aie moi-même frôlé la tendinite au pédalier – et la fatigue.
Marguerite :Bon, mais le voyage ne serait rien sans ces petites montées, n’est-ce pas ? Vous dites que vous avez déjà vécu de belles choses. Quelles ont été les meilleurs moments ?
Επομενη Σταθη : Les descentes ! [rires]. Non, mis à part les descentes qui sont effectivement des moments de pure exhaltation – surtout celle de quarante kilomètres qui a suivi l’épisode dont je viens de vous parler – , il y a eu bien d’autres choses géniales ! La rencontre avec Christian et Lysiane en fait partie. C’est en compagnie de ces deux retraités français que nous avons passé le dernier jour d’attente au port de Gythio et pris le ferry jusqu’en Crète. Nathan a beaucoup parlé avec ces deux anciens instituteurs et férus de deltaplane, ils ont discuté de sports, d’éducation, de voyage, de militantisme, de poésie et de bien d’autres choses. Moi, j’ai surtout parlé pendant toute la traversée avec leur fourgon aménagé, un type très sympa qui en a vu de belles et a côtoyé les meilleurs. Il y a aussi eu le warmshower [réseau d’accueil de cyclovoyageurs chez l’habitant, Ndlr.] de Nafplio, puis celui de Chania où, pendant que lui conversait avec Stylianos et deux voyageurs hollandais, je discutais voyage, dérailleurs arrière et théorie quantique avec les sept autres vélos entreposés dans le garage. Nos trois jours passés à Heraklion ont aussi été hauts en couleur. D’abord, il y a eu la nouvelle selle, qui nous a tous les deux délivrés de bien des maux, puis les nuits perchées en haut des ramparts de la ville, les séances de méditation sur la jetée de l’ancien port vénicien, la rencontre du prof de lancer de marteaux, le chant au ukulélé à l’entrée du port, les lycéennes mélomanes, le verre de blanc des jeunes albanais, le concert de rock dans la vieille ville… Ah, et les paysages, évidemment, tout au long de la route. Les montagnes enneigées d’un côté, la mer agitée de l’autre, les plages de sables et celles de galets, les bords d’un marais rempli de chants d’oiseaux où il aurait mieux valu éviter de planter la tente, les falaises encombrées de chèvres, la petite chapelle au milieu de la mer, les rochers roses et bleus, la rivière… mais pardon, je me laisse emporter. Je pourrais continuer comme ça pendant des heures !
Marguerite :Merci pour ce résumé qui va en faire rêver plus d’un ! Pouvez-vous nous rappeler rapidement quel a été votre trajet depuis Athènes ?
Επομενη Σταθη : Nous avons d’abord accompagné Marine, Anaïs et leurs vélos jusqu’à Kiato, dans le Nord du Péloponnèse [Presqu’île au Sud de la Grèce, Ndlr.]. Puis nous avons pris la route vers le Sud jusqu’à Nafplio, où nous sommes restés deux nuits en Warmshower chez une famille française. Nous avons ensuite longé la côte vers le Sud-Ouest jusqu’à Leonidio, avant de bifurquer vers les montagnes. Après cette fameuse montée à Kosmas, nous sommes redescendus sur la côte pour rejoindre le port de Gythio. Nous y sommes restés cinq jours, à attendre le ferry qui part pour la Crète tous les mercredis. Après 7 heures de traversée, nous sommes arrivés sur l’île à Kissamos, là où nous nous trouvons précisément. Nous avons ensuite roulé tranquillement jusqu’à Chania, puis jusqu’à Heraklio, en passant par Rethymno. Puis, après trois jours, nous avons pris six jours pour retourner à Kissamos, car Nathan a trouvé un woofing dans la région.
Marguerite : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce « Woofing » ?
Επομενη Σταθη : En fait, il vaudrait mieux parler de volontariat, car le woofing est vraiment lié au milieu de l’agriculture biologique. Il s’agit d’un échange entre un voyageur et des locaux : le voyageur vient donner un coup de main pour l’entretien, le travail agricole, la cuisine ou autre, et en échange il est nourri et logé. Mais c’est surtout un excellent vecteur d’échange interculturel, et un très bon moyen de s’imprégner du mode de vie local. Là, Nathan va aider dans une structure d’écotourisme nommée « Milia mountain retreat ». Ça a tout l’air d’un chouette endroit, perdu dans les montagnes, et il va y avoir du boulot pour préparer la saison touristique. Quant-à moi, je vais me la couler douce pendant un mois !
Marguerite :Merci pour toutes ces précisions ! Bon, je vois que la nuit commence à tomber alors je ne vais pas vous retenir plus longtemps. J’ai été ravi de faire votre connaissance ! Un dernier mot pour conclure ?
Επομενη Σταθη : Ravie également ! Un dernier mot ? Pourquoi pas des photos, plutôt ?
Interview de Epomenos Stathmos, par le lampadaire-journaliste de la rue Georgiadaki
Lampadaire : Commençons par le commencement. « Epomenos Stathmos » est un nom bien étrange ! D’où vient-il exactement ?
Epomenos Stathmos : Vous avez raison. Pour commencer, on va mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes. Je suis une bicyclette. UNE bicyclette. Alors me désigner par un nom masculin est totalement stupide, il serait plus logique de m’appeler Epomeni Stathi. D’ailleurs, pendant qu’on y est, il s’agit d’un nom grec. Alors écrivez-le en grec, s’il vous plaît. Vous aimeriez, vous, que je vous appelle « Marguerite » alors que vous êtes un lampadaire crétois ?
Lampadaire : Justement, je m’appelle Marguerite… Ne faites pas cette tête, vous ne pouviez pas savoir ! Et répondez plutôt à ma question.
Επομενη Σταθη : D’après ce que Nathan m’a dit, c’était au tout début, quelques jours après qu’il m’ait achetée. Il était dans le métro d’Athènes avec sa famille, et discutait avec sa soeur du nom qu’il allait me donner. Ils ont décidé qu’il fallait que ce soit un nom grec, et comme ils ne connaissaient pas beaucoup de noms grecs, Maïlys a lancé les mots qu’ils entendaient le plus dans le métro : Epomenos Stathmos, qui veut dire « Prochain arrêt ». Nathan m’a dit qu’il avait tout de suite accroché. Ça correspond bien à l’esprit du voyage, d’après lui…
Marguerite : Nathan est donc votre cycliste… Comment qualifieriez-vous vos relations, après un mois de voyage ensemble ?
Επομενη Σταθη : Une amitié de plus en plus grande ! Nous nous entendons vraiment bien. Bon, je ne vous cache pas que la première impression a été assez négative. Il a traversé Athènes sur ma selle sans rien dire, puis m’a tout simplement abandonnée pour deux semaines dans le débarras de l’appartement d’un de ses amis, en lançant au passage qu’il faudrait décidément me changer le guidon, et peut-être la selle. Je lui en ai d’abord voulu. Mais par chance, j’ai fait la rencontre de deux vélos de voyage et de Morisbis, son ancien compagnon de route, qui m’ont bien rassuré en partageant leurs expériences. Et de fait, six semaines plus tard, nous avons déjà vécu de belles choses ensemble !
Marguerite : Votre relation s’est donc améliorée ?
Επομενη Σταθη : Oui, immanquablement ! Vous savez, la relation entre un vélo et son cycliste a quelque chose de comparable à celle qui lie la crosse de hockey à son joueur, le trombone à coulisse à son musicien, le katana à son samourai ou encore la connerie à Donald Trump : à partir d’un certain niveau, il y a une véritable fusion qui se produit ; on fait véritablement corps avec son humain, il devient comme une prolongement de soi-même et on se met à agir comme une seule et même entité. Avec Nathan, nous n’en sommes pas encore là, mais nous nous en approchons. Bon, bien sûr, il y a encore des moments difficiles…
Marguerite : Justement, pouvez-vous nous parler de ces difficultés que vous avez rencontrées tous les deux ? Quelle a été la pire ?
Επομενη Σταθη : Ça dépend, pour lui ou pour moi ? [Rires] Pour moi, je dirais que c’était l’épisode de l’argile. C’était le premier jour de pédallage à deux, début janvier, après que nous ayons laissé les deux vélos et leurs filles à Kiato. Nathan a cru s’être trompé de route, et a voulu prendre un chemin de terre pour rejoindre la bonne. Sauf qu’il avait plu la veille, et que la terre était en réalité une argile bien humide et bien collante. Il est descendu pour me pousser, mais je m’enfonçais à cause du chargement, et tous les dix mètres, il était obligé de m’enlever à la main les gros paquets d’argile beige qui s’accumulaient entre le pneu et le garde-boue et bloquaient mes roues. Il a fini par me laisser pour aller voir un peu plus loin, réaliser qu’il était finalement bien sur la bonne route, accepter la défaite et rebrousser chemin, mais le mal était fait : j’en avais partout, c’était venu se loger autour de mes freins, j’avais des brins de paille boueuse enroulés autour de mes moyeux, dans mes dérailleurs, mon pédalier… Il a dû décrocher toutes les sacoches pour enlever le plus gros à la main, puis m’a forcée continuer en étant encore toute sale, en attendant que l’argile sèche et parte d’elle-même. Mais bon, je l’ai engueulé, et il n’a pas recommencé. Ça lui arrive encore de m’emmener dans des chemins de terre, ou de me laisser une nuit allongée dans le sable sous la pluie, mais ça n’est pas aussi insupportable. Et puis il prend de mieux en mieux soin de moi : il me décrasse de temps en temps avec une brosse à dents, resserre mes vis, et a même acheté récemment un petit flacon d’huile pour ma transmission !
Marguerite : Espérons qu’il continuera dans cette voie, alors. Et pour lui ?
Επομενη Σταθη : Pour lui, je dirais que c’était la montée vers Κοσμάς [Kosmas, Ndt.], dans le Péloponnèse. Après la pause déjeuner, nous avons attendu sous un pont que la pluie se calme avant de repartir, aux alentours de 16h. Mais après un ou deux kilomètres, elle était revenue de plus belle. Nathan a décidé de continuer, en enfilant son manteau et son protège-pantalon. Il se disait que dix sept kilomètres jusqu’au prochain village, ce serait vite fait. Mais c’était presque mille mètres de dénivelé, plusieurs millimètres de pluviométrie, plusieurs kilomètres-heure de vent et plusieurs degrés Celcius en moins qu’il avait oublié de prendre en compte dans son calcul. A dix-neuf heures, son entêtement à continuer coûte que coûte était d’une bêtise admirable. La nuit était tombée, des plaques de verglas apparaissaient sur la route et ses pauses se faisaient de plus en plus fréquentes, il était complètement trempé, congelé, fatigué, déshydraté… mais il refusait de s’arrêter pour planter la tente, et continuait, avec l’espoir de trouver un hébergement en dur une fois sur place. Je crois que ce jour là, il m’a un peu jalousée. Il aurait bien aimé être un objet lui aussi, pour ne pas ressentir le froid, la douleur – quoi que j’aie moi-même frôlé la tendinite au pédalier – et la fatigue.
Marguerite : Bon, mais le voyage ne serait rien sans ces petites montées, n’est-ce pas ? Vous dites que vous avez déjà vécu de belles choses. Quelles ont été les meilleurs moments ?
Επομενη Σταθη : Les descentes ! [rires]. Non, mis à part les descentes qui sont effectivement des moments de pure exhaltation – surtout celle de quarante kilomètres qui a suivi l’épisode dont je viens de vous parler – , il y a eu bien d’autres choses géniales ! La rencontre avec Christian et Lysiane en fait partie. C’est en compagnie de ces deux retraités français que nous avons passé le dernier jour d’attente au port de Gythio et pris le ferry jusqu’en Crète. Nathan a beaucoup parlé avec ces deux anciens instituteurs et férus de deltaplane, ils ont discuté de sports, d’éducation, de voyage, de militantisme, de poésie et de bien d’autres choses. Moi, j’ai surtout parlé pendant toute la traversée avec leur fourgon aménagé, un type très sympa qui en a vu de belles et a côtoyé les meilleurs. Il y a aussi eu le warmshower [réseau d’accueil de cyclovoyageurs chez l’habitant, Ndlr.] de Nafplio, puis celui de Chania où, pendant que lui conversait avec Stylianos et deux voyageurs hollandais, je discutais voyage, dérailleurs arrière et théorie quantique avec les sept autres vélos entreposés dans le garage. Nos trois jours passés à Heraklion ont aussi été hauts en couleur. D’abord, il y a eu la nouvelle selle, qui nous a tous les deux délivrés de bien des maux, puis les nuits perchées en haut des ramparts de la ville, les séances de méditation sur la jetée de l’ancien port vénicien, la rencontre du prof de lancer de marteaux, le chant au ukulélé à l’entrée du port, les lycéennes mélomanes, le verre de blanc des jeunes albanais, le concert de rock dans la vieille ville… Ah, et les paysages, évidemment, tout au long de la route. Les montagnes enneigées d’un côté, la mer agitée de l’autre, les plages de sables et celles de galets, les bords d’un marais rempli de chants d’oiseaux où il aurait mieux valu éviter de planter la tente, les falaises encombrées de chèvres, la petite chapelle au milieu de la mer, les rochers roses et bleus, la rivière… mais pardon, je me laisse emporter. Je pourrais continuer comme ça pendant des heures !
Marguerite : Merci pour ce résumé qui va en faire rêver plus d’un ! Pouvez-vous nous rappeler rapidement quel a été votre trajet depuis Athènes ?
Επομενη Σταθη : Nous avons d’abord accompagné Marine, Anaïs et leurs vélos jusqu’à Kiato, dans le Nord du Péloponnèse [Presqu’île au Sud de la Grèce, Ndlr.]. Puis nous avons pris la route vers le Sud jusqu’à Nafplio, où nous sommes restés deux nuits en Warmshower chez une famille française. Nous avons ensuite longé la côte vers le Sud-Ouest jusqu’à Leonidio, avant de bifurquer vers les montagnes. Après cette fameuse montée à Kosmas, nous sommes redescendus sur la côte pour rejoindre le port de Gythio. Nous y sommes restés cinq jours, à attendre le ferry qui part pour la Crète tous les mercredis. Après 7 heures de traversée, nous sommes arrivés sur l’île à Kissamos, là où nous nous trouvons précisément. Nous avons ensuite roulé tranquillement jusqu’à Chania, puis jusqu’à Heraklio, en passant par Rethymno. Puis, après trois jours, nous avons pris six jours pour retourner à Kissamos, car Nathan a trouvé un woofing dans la région.
Marguerite : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce « Woofing » ?
Επομενη Σταθη : En fait, il vaudrait mieux parler de volontariat, car le woofing est vraiment lié au milieu de l’agriculture biologique. Il s’agit d’un échange entre un voyageur et des locaux : le voyageur vient donner un coup de main pour l’entretien, le travail agricole, la cuisine ou autre, et en échange il est nourri et logé. Mais c’est surtout un excellent vecteur d’échange interculturel, et un très bon moyen de s’imprégner du mode de vie local. Là, Nathan va aider dans une structure d’écotourisme nommée « Milia mountain retreat ». Ça a tout l’air d’un chouette endroit, perdu dans les montagnes, et il va y avoir du boulot pour préparer la saison touristique. Quant-à moi, je vais me la couler douce pendant un mois !
Marguerite : Merci pour toutes ces précisions ! Bon, je vois que la nuit commence à tomber alors je ne vais pas vous retenir plus longtemps. J’ai été ravi de faire votre connaissance ! Un dernier mot pour conclure ?
Επομενη Σταθη : Ravie également ! Un dernier mot ? Pourquoi pas des photos, plutôt ?
Nathan
10 février 2017
Pas à pas, Qui, comment, où ?